Le gel du sol en profondeur et l’eau disponible dans le sol au printemps
Deux facteurs déterminants pour une bonne saison de coulée
Malgré les performances incroyables des systèmes de récolte à vacuum, il arrive encore, pour certaines régions/producteurs d’avoir des saisons de récolte bien inférieures aux moyennes régionales et provinciales.
Dans l’histoire récente, nous pouvons identifier les années 2018 et 2021 comme étant des années où certaines régions ont subi des conditions de récolte défavorables. Comme chez Érable & Chalumeaux nous avons l’habitude de vérifier si le sol est gelé (Image 1) en forêt au printemps, nous avons constaté qu’en 2018, le sol de notre érablière était gelé en profondeur. Pour bien comprendre comment ce phénomène a pu engendrer une faible récolte, nous devons expliquer ce qu’est un printemps dans la norme.
Un printemps normal est précédé par une fin d’automne et un début d’hiver où le sol est recouvert de neige avant l’arrivée des froids intenses. Cette couverture de neige agit comme isolant, évitant au sol de geler profondément. Au moment de la fonte printanière, l’eau s’accumule facilement dans le sol (Image 2), atteint aisément les racines des érables, ce qui permet une absorption d’eau abondante nécessaire pour amorcer les coulées tant souhaitées.
À l’opposé, si le sol est gelé en profondeur lors de la fonte des neiges du printemps, l’eau de fonte ruisselle sur la croûte de terre gelée (Image 3), ce qui empêche l’eau de descendre dans le sol de l’érablière, créant des conditions défavorables de coulée des érables. Dans ces conditions la coulée sera faible et/ou retardée jusqu’à ce que cette couche de glace finisse par fondre. Les érablières froides sont alors grandement défavorisées.
Comme mentionné précédemment, un sol imbibé d’eau au printemps permet aux érables de mieux absorber l’eau, créant ainsi des conditions plus favorables pour des coulées abondantes. En 2021, plusieurs régions du Québec ont reçu peu de neige et lors de la fonte printanière, le sol s’est gorgé d’eau rapidement en début de saison. Malheureusement par la suite, le peu d’eau provenant de la fonte de la neige jumelé à de faibles précipitations a mené à une moins grande disponibilité d’eau au niveau des racines, ce qui a engendré des conditions défavorables pour des coulées abondantes en milieu de saison. Au global, plusieurs producteurs ont vu leurs récoltes fortement affaiblies.
Chez Érable et Chalumeaux, nous allons cette année suivre la disponibilité d’eau dans le sol forestier au printemps, à l’aide de deux puits d’observation (Image 4: www.erable-chalumeaux.ca/puits-dobservation-en-foret). Pour compléter les mesures d’épaisseur de gel au sol et de disponibilité d’eau dans le sol, nous allons installer un niveau sur un érable témoin, comme en 2020 (www.erable-chalumeaux.ca/trucs-du-metier-niveau-deau-danslarbre), afin d’observer de jour en jour, l’efficacité de l’absorption de l’eau de cet érable. Nous verrons donc les conséquences de l’abondance d’eau dans le sol et des conditions météo sur la qualité de la coulée journalière. Ces données nous permettent souvent de comprendre pourquoi certains jours, même si nous avons des nuits de gel suivies de journées chaudes, la coulée n’est pas au rendez-vous.